vendredi 1 mai 2009

CR du conseil de quartier du Parc tenu le 28 avril.

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Le conseil de quartier, exceptionnellement, se tient au Studio Jenny. Cette belle et grande salle destinée aux réceptions et banquets se situe en plein dans le quartier des Groues. Initiative de la mairie qui a souhaité, symboliquement, tenir aux Groues ce conseil qu’elle a voulu axé sur « les menaces pour Nanterre de l’extension de La Défense ». 60 à 70 personnes sont présentes, dont un grand nombre d’habitants de la résidence Central Parc qui sont plutôt venus, eux, pour entendre parler de l’avenir de l’école d’architecture ou des problèmes de sécurité du quartier.

1 - Devenir de l’école d’architecture.
EN BREF : L’Etat accepte d’attendre jusqu’en Juillet prochain que la ville fasse une proposition d’utilisation de cette école. La Mairie cherche des partenaires financiers pour bâtir un projet viable. Une réunion publique sera tenue le 19 mai. L’hypothèse d’une rue passant par Central Parc n’est pas retenue pour l’instant.

Le conseil démarre à 20h00. Patrice MARCHAL anime la réunion. Un rétroprojecteur et un écran sont déjà installés pour la séance. Seul Patrick JARRY manque à l’appel. Patrice MARCHAL rappelle que la soirée doit être essentiellement consacrée à la question de La Défense, mais il propose en attendant l’arrivée du maire de parler des autres sujets, comme par exemple cette fameuse école. En fait, les résidents de Central Parc sont très inquiets : la mairie a mandaté un cabinet d’architectes (le cabinet AMAR), qui évoque parmi ses projets celui d’une large rue qui joindrait la rue Salvador Allende à l’école en rasant les espaces verts et en empiétant largement sur leur copropriété. Plusieurs questions de l’assistance traduisent cette inquiétude. Patrice MARCHAL répond que le cabinet AMAR n’a fait que proposer quelques pistes qui ne sont en aucun cas, pour l’instant, des projets municipaux. Pour l’instant, on peut affirmer quatre choses :
- l’école est toujours la propriété de l’Etat ;
- un accord a pu être trouvé entre le préfet et la ville pour maintenir le statu quo quelques mois, le temps pour la ville de finaliser ses propositions ;
- une réunion publique sera organisée le 19 mai uniquement sur cette question ;
- compte tenu du coût de la réhabilitation et de l’entretien de l’école, la ville ne pourra pas être le seul acteur du projet et devra nouer des partenariats.
Mais, demandent plusieurs personnes, où en est-on aujourd’hui ? Patrice MARCHAL cède alors la parole à Mme KANDEL, directrice générale adjointe de la mairie responsable de l’urbanisme, qui a assisté à la réunion entre mairie et préfecture.

Mme KANDEL confirme que le cabinet AMAR a fait des études destinées à élaborer et chiffrer divers scénarios, mais que le projet autour de l’école reste à bâtir. La réunion publique du 19 mai aura pour objet de recueillir les avis et contributions des habitants. L’Etat, par la voix du préfet, a accepté de renoncer pour l’heure à une pure et simple opération immobilière avec destruction, et accepte le principe d’une réutilisation du site dans un but « social et culturel ». Concrètement, la mairie doit remettre sa copie fin-Juillet.

M. ETIENNE, président de l’association des résidents de Central Parc, souligne que le bâtiment se délabre et que, malgré le gardiennage du site, beaucoup d’inquiétudes demeurent. Il insiste pour que les choses ne traînent pas trop. Et surtout, il souligne l’opposition des résidents de Central Parc à la création d’une rue telle que proposée (ou envisagée) par le cabinet AMAR. A sa suite, plusieurs personnes prennent la parole pour évoquer les problèmes d’insécurité et les agressions récentes. D’autres évoquent la nécessité de respecter les espaces verts.

Le maire, qui est arrivé dans l’intervalle, répond lui-même à ces diverses questions. Il commence par refaire longuement l’historique de l’école, puis par reprendre tout aussi longuement ce qui a pu être dit pendant son absence. Enfin, en réponse à une question, il confirme que si la ville n’a pas fait d’ici fin-Juillet une proposition recevable par l’Etat, le terrain redeviendra normalement constructible, l’Etat démolira l’école et pourra le vendre à qui voudra. Mais, nous dit M. JARRY en conclusion, il est à peu près certain que ce dossier sera ficelé d’ici la fin de l’année.

2 - Questions diverses sur le quartier.
EN BREF : Pas d’amélioration à attendre dans l’immédiat de l’itinéraire routier vers les 4 Temps. Des mesures sont à l’étude pour sécuriser le parc André-Malraux. Un projet de stade de 30 000 places est très sérieusement envisagé aux Bouvets. La Mairie ne peut pas grand chose pour améliorer commerces et animations sur le quartier.

M. ETIENNE signale que, depuis les travaux de la tour Granite, l’itinéraire routier pour se rendre du quartier au centre des 4 Temps est devenu un vrai casse-tête, avec un nombre absurde de demi-tours et de virages. il demande si la bretelle autrefois utilisable va être bientôt remise en service. Patrice MARCHAL répond que les services concernés (qui ne sont pas les services municipaux) ont fermé cette bretelle de façon définitive. Il n’y a donc pas d’amélioration à espérer dans l’immédiat. Il est envisagé d’établir un rond-point à hauteur du Bd Kupka, sur Puteaux, pour simplifier un peu l’itinéraire ; mais cela ne se fera pas avant deux ou trois ans.

M. CHICHE, résident de Central Parc, demande quelles mesures vont être prises pour sécuriser le parc André-Malraux. M. JARRY répond qu’une réunion s’est tenue sur ce sujet avec le département (car le parc est départemental), qui a fait apparaître certains dysfonctionnements. En particulier, il semble que ce parc a été géré comme un parc fermé et grillagé du type Parc de Sceaux, avec un gardiennage arrêté à partir de 17h. Des solutions ont été recherchées et sont actuellement en cours d’étude (vidéosurveillance, fermetures de certaines parties du parc…). Le quartier du Parc devrait également être l’une des « zones pilotes » destinées à expérimenter la création, au sein de la police nationale, de « Brigades de quartier ». Pour l’heure, on ne peut en dire davantage.

Une personne demande des précisions sur le projet de constructiond’un stade de 30 à 35 000 places pour le club de rugby « Racing Métro », à la place de l’actuel stade des Bouvets (voir les liens en fin d’article). M. MARCHAL répond que ce point sera traité en même temps que le sujet de La Défense.

Un autre participant évoque le manque d’animation des Terrasses « Axa » le week-end et, de façon plus générale, le manque de commerces. M. MARCHAL répond que le problème est réel, mais qu’il est difficile pour la municipalité d’imposer aux commerçants des heures d’ouverture. La personne ajoute que, semble-t-il, le montant des loyers demandé par les bailleurs dissuade de nombreux commerçants de s’installer. Là encore, M. MARCHAL reconnaît la situation, mais souligne que la mairie n’a guère de moyens d’intervenir. Quant à l’animation éventuelle des Terrasses, c’est une question de budget.

3 - Extension de La Défense.
EN BREF : il y a une opposition de fond entre la vision de la mairie et celle traduite par le rapport Lelarge quant au devenir du secteur des Groues. La municipalité prétend néanmoins rechercher une certaine concertation avec l’Etat. Lors du prochain conseil municipal (23 mai), le directeur de l’EPAD-EPASA sera invité à présenter sa position. Parallèlement, un travail de concertation est mené avec les communes voisines de Nanterre. Plus concrètement, des habitants des Groues demandent depuis plusieurs années, sans grand succès, l’aide de la mairie pour améliorer leur cadre de vie.

On en vient enfin au sujet pour lequel M. JARRY est venu : la dénonciation des «menaces » qui planeraient sur notre ville à la suite du Rapport Lelarge sur l’extension de La Défense. On commence par un diaporama commenté par M. MARCHAL. Cette présentation, que je trouve assez confuse, s’intitule en effet : « Quelles menaces pour Nanterre ? ». Elle mêle des rappels historiques sur la création de l’EPAD, des citations extraites du rapport Lelarge, de nombreuses cartes de la ville et des chiffres.
Il en ressort que le rapport préconise la création, sur des terrains comme celui des Groues, de 800 000 m2 de bureaux et 400 000 m2 de logements, soit 13 000 habitants et 54 000 salariés. Ces préconisations font fi de projets qui semblent tenir particulièrement à cœur à M. JARRY, comme l’installation aux Groues du grand entrepôt d’œuvres d’art trompeusement baptisé « Cité des Musées » (voir lien en fin d’article). Accessoirement, nous apprenons au détour de ce diaporama le projet de création d’un stade de 30 000 places sur l’emplacement de l’actuel stade des Bouvets. Un projet sur lequel les Nanterriens n’ont été, à ma connaissance, jamais consultés, mais qui semble suffisamment avancé pour que la Presse s'en fasse l'écho et pour envisager qu’il soit achevé en juillet 2013 (voir liens en fin d'article). M. MARCHAL précise d’ailleurs qu’une réunion publique sera organisée sur ce sujet « fin-Mai ou début-Juin ».


A l’issue du diaporama, M. MARCHAL ouvre le débat. Une personne membre du PS de Nanterre, demande quels moyens ont les Nanterriens de « résister » à cette mainmise de l’Etat. Je prends alors la parole pour m’insurger contre la présentation caricaturale qui est faite de ce sujet. Rappelant la mascarade pseudo-démocratique de Novembre 2008 à l’espace Chevreul (voir lien en fin d’article), je dénonce la rhétorique outrancièrement négative (« menaces », « craindre », « résister »…) employée par la municipalité, et demande que la question soit traitée de façon sérieuse et avec un langage adulte. Certes, ajoutè-je, le rapport Lelarge se montre parfois impérialiste dans le ton et la démarche, mais d’un autre côté beaucoup de communes rêveraient d’avoir ne fût-ce que le dixième des bureaux dont nous pourrons bénéficier, et des revenus qui les accompagnent. Il faut donc, plutôt que de parler de menaces et de résistance, rechercher la concertation et non pas le conflit.
Cette intervention semble rencontrer un certain écho dans l’assistance. M. JARRY adopte d’ailleurs dans sa réponse un ton beaucoup plus nuancé. Il explique (longuement) que, des années durant, la concertation entre la ville et l’EPASA a été bonne mais que, avec le rapport Lelarge, on constate un certain changement de ton. Sa démarche, dit-il, vise à en avertir les Nanterriens afin qu’ils en aient conscience, mais c’est bien la concertation qu’il souhaite et non le conflit. A condition, ajoute-t-il, que Nanterre soit respectée. M. CHAIX, directeur général de l’EPAD-EPASA, sera d’ailleurs invité au prochain conseil municipal où il pourra expliquer et défendre sa position. Du reste, précise M. JARRY, l’opposition de la municipalité aux conclusions du rapport Lelarge porte sur la méthode, mais aussi sur le fond : sur le mode de développement économique choisi et sur la vision de l’avenir du département.
M. JARRY nous informe également qu’il a engagé, sur ce sujet, un rapprochement avec six des communes avoisinantes : Puteaux, Courbevoie, La Garenne, Rueil, Colombes et Suresnes. L’objectif est d’engager une réflexion commune via la création de quatre groupes de travail. Chacun de ces groupes sera formé de trois élus de chaque commune, deux de la majorité et un de l’opposition.

Un habitant des Groues, responsable d’une association de résidents, intervient alors. Il signale que des terrains acquis par la mairie ne sont pas entretenus et tournent à la friche. L’association a demandé, depuis plusieurs années, à être autorisée à décorer ces terrains pour améliorer le cadre de vie. N’ayant toujours pas de réponse, ce monsieur profite de la présence du maire pour poser une nouvelle fois la question et demander, de plus, que la mairie fasse retirer les tôles et autres planches qui traînent encore depuis que certains travaux ont été effectués, voilà un an.

Un résident du Liberté, habitant Nanterre depuis plus de vingt ans, intervient à son tour pour souligner que les chiffres présentés, et extraits du rapport Lelarge, lui paraissent irréalistes. Y a-t-il vraiment, sur les Groues, de quoi construire 800 000 m2 de bureaux et 400 000 de logements, avec un urbanisme qui respecte le cadre de vie et propose un environnement humain ? Cela lui paraît douteux. M. JARRY souligne qu’il partage ce sentiment. Il précise que le département des Hauts-de-Seine est l’un des plus inégalitaires de France et que ce type d’aménagement volontariste, axé sur les quartiers d’affaires et sans grand souci du logement social, lui semble de nature à accroître ces inégalités.

J’interviens alors à mon tour. Je rappelle d’abord que le Secours Catholique a mené en 2008 une enquête sur les inégalités dans les Hauts-de-Seine, qui montrait effectivement de très fortes disparités mais surtout qui établissait une liste des sept quartiers les plus sinistrés du département sur le plan économique et social. Or, sur ces sept quartiers, il y en a trois à Nanterre, ce qui montre que la municipalité et tous ceux qui se sentent concernés ont encore beaucoup de travail. Je souligne ensuite que l’offre de logements à Nanterre ne me semble pas assez tournée vers les classes moyennes. Si chaque jour 80 à 90 000 personnes viennent travailler à Nanterre, c’est sans doute que beaucoup d’entre elles n’ont pas trouvé à s’y loger. Il me semble donc indispensable de développer cette offre vers les classes moyennes et les salariés des bureaux de La Défense ou des Terrasses. Transformer en Nanterriens ceux qui viennent travailler dans notre ville, cela permettrait en partie de désengorger les transports…. Enfin, conclus-je, l’offre de logements n’est pas tout : l’attractivité de la ville passe aussi par son image et, en premier lieu, par sa sécurité. Ce qui doit poser la question d’une police municipale de proximité, indépendamment de toutes considérations idéologiques. Attirer davantage les classes moyennes par une offre de logement et un meilleur cadre de vie, cela permettra de voir se résoudre quelques difficultés comme la faible mixité sociale ou la qualité des résultats scolaires.

M. JARRY répond que cette démarche est déjà partiellement inscrite dans l’action municipale. La mairie s’est engagée à construire 6 000 logements pendant le mandat, soit 1 000 logements par an. Ce programme, prendra d’ailleurs du retard, ajoute-t-il, du fait de la crise. Mais en tout cas, sur ces 1 000 logements/an, 400 seront du logement social et 600 de l’accession à la propriété destinée en priorité aux primo-accédants, donc sans doute aux salariés de La Défense ou d’Axa. Quant à la question des transports, sa solution passe par les diverses décisions annoncées par M. SARKOZY sur l’aménagement futur de la région IDF.

Un résident des Groues demande comment serait fixé le prix de cession des terrains et des logements en cas d’expropriation. M. JARRY explique la procédure et souligne que, la ville ayant acquis 4% des terrains des Groues, elle serait partie prenante dans toute discussion en cas d’expropriation, et donc à même d’épauler les Nanterriens concernés.

A l’issue de cette dernière prise de parole, quelques participants interviennent pour réitérer leurs demandes ou leurs affirmations. Puis Patrice MARCHAL clôt le conseil, à 23h.


Ch. Romain


Compte-rendu de ce conseil rédigé par Joelle Tepper (PS) : http://www.ps-nanterre.net/v2/vie-municipale/358-compte-rendu-de-la-reunion-du-quartier-parc-nord?37e7861c7ec6319873273ff6e5734572=d12ac3e245241a141c143ce3ad58f167
Sur le stade des Bouvets, voir ici : http://parisobs.nouvelobs.com/hebdo/parution/p410_2303/articles/a391242-.html ou ici : http://vertscolombes.fr/spip.php?breve123
Sur le projet « Cité des Musées », voir ici : http://democratienanterrienne.blogspot.com/2009/04/cite-des-musees-ce-que-la-mairie-nous.html
Sur la réunion de fin-novembre 2008 au sujet de La Défense, voir ici : http://www.mieuxvivreananterre.fr/?p=178

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

bonjour Messieurs,
je vous invite à lire l'article de Jacques Donzelot, prof de sociologie à Nanterre, dans le Monde de ce soir : "Pour casser les ghettos, il faut s'occuper des gens autant que des lieux" où il explique que ce n'est pas en améliorant les transports, en se polarisant sur les rénovations des bâtiments qu'on recrée de la vie pour tous.
Hélas, notre maire est obnubilé par le bétonnage et mesure son efficacité en direction des habitants au nombre de millions € dépensés dans le budget municipal. Quant à la démocratie participative, c'est un gadget pour amuser les foules. Il n'a rien compris de la philosophie défendue par des intellectuels militants comme P.Rosanvallon : pas de l'illusion de consultation mais un travail de longue haleine, patient, respectueux des personnes et surtout honnête dans les résultats visés, bref tout le contraire de ce qui se fait à Nanterre. Evidemment, avec 56% de voix aux dernières municipales, ça n'aide les cerveaux à évoluer, mais jusqu'à quand les Nanterriens supporteront-ils ce système ... et surtout les jeunes élus qui y croyaient vraiment ?