vendredi 4 décembre 2009

Présidence de l’EPADSA : vers une coprésidence UMP-PC ?



Après l’épisode tragi-comique de la candidature du «Prince Jean», les choses sont redevenues sérieuses au sein de l’EPAD, l’organisme qui gère l’aménagement de La Défense. Son président, ou plutôt sa présidente, vient en effet d'être élue.

Il s'agit de Joëlle Ceccaldi-Raynaud, cinquante-huit ans, diplômée en droit, ancienne clerc de notaire et députée-maire de Puteaux où elle a succédé en 2004 à son père qui «tenait» la ville depuis 1969. Joëlle Ceccaldi-Raynaud est une UMP pure et dure, puisqu’elle est députée suppléante de… Nicolas Sarkozy dans la 6eme circonscription des Hauts-de-Seine (Neuilly-Puteaux-Courbevoie). C’est dire que son élection à la tête de l’EPAD ne remettra pas fondamentalement en cause la mainmise du parti présidentiel sur La Défense et sa tirelire.

En face d’elle, on notait la candidature symbolique de Patrick Jarry, cinquante-cinq ans, diplômé de l’école des Ponts et Chaussées et maire communiste de Nanterre depuis 2004, date à laquelle le maire précédent, Jacqueline Fraysse, l’a désigné pour sa succession. Une candidature symbolique, puisque compte tenu de l’équilibre des forces au sein du conseil d’administration, M. Jarry n’avait pas une chance d’être élu.

La prochaine étape consistera à élire le président de l'EPADSA, l'établissement d'aménagement qui naîtra en juin 2010 de la fusion programmée de l'EPASA (présidé par M. Jarry) et de l'EPAD (désormais présidé par Mme Ceccaldi-Raynaud). Or, si beaucoup veulent considérer Mme Ceccaldi-Raynaud comme une présidente provisoire, elle ne l'entend pas du tout de cette oreille et a déjà affirmé haut et fort qu'elle est là «pour longtemps».

Par ailleurs, Mme Ceccaldi-Raynaud a offert à M. Jarry, qui l'a acceptée, une vice-présidence au sein de l'EPAD. On peut en inférer qu'il en irait de même si Mme Ceccaldi-Raynaud était élue demain présidente de l'EPADSA. Et ce serait une démarche astucieuse.

En premier lieu, en effet, il importe de resserrer les liens entre les villes de La Défense (Nanterre, Puteaux, Courbevoie et, désormais, La Garenne-Colombes). Car ces villes sont également menacées, par décret gouvernemental de se voir dépossédées de leurs autonomie d’aménagement au profit de l’EPADSA, devenu tout-puissant suite à la déclaration d’une OIN (Opération d’Intérêt National) sur la majeure partie de leur territoire. Les conseils municipaux des villes concernées ont voté contre ce décret (leur vote n’étant que consultatif) et cherchent à opposer un front commun aux diktats de l’Etat. D’où l’intérêt pour Mme Ceccaldi-Raynaud de maintenir une alliance avec M. Jarry. D'autant qu'en promettant cette vice-présidence, elle s'assurerait d'emblée le soutien des voix de gauche quand il s'agira de choisir le président de l'EPADSA.

En second lieu, et malgré ce que l’on pourrait penser, il existe depuis longtemps dans le 92 une alliance objective entre l’UMP (ex-RPR) et le PC. Une alliance qui pourrait s’énoncer ainsi : «J’envoie les populations à problèmes dans tes villes, ça me débarrasse et toi, ça te fera des électeurs». Une alliance bien rodée, qui fonctionne depuis plus de quarante ans à la satisfaction des deux parti(e)s. On peut donc penser que Mme Ceccaldi-Raynaud et M. Jarry, malgré leur opposition idéologique de façade, n’auraient pas grand mal à trouver des points d’accord sur la façon de gérer le développement urbain autour de La Défense.

Et en troisième lieu, enfin, M. Jarry fait depuis plus d’un an de l’activisme anti-EPADSA à grand renfort de trompettes, d’affiches, de pétitions et de réunions publiques. En lui proposant cette vice-présidence, Mme Ceccaldi-Raynaud, qui est une proche de M. Sarkozy, pourrait avoir trouvé un moyen de le museler quelque peu en faisant de lui un «idiot utile» associé demain aux décisions qu’il dénonce aujourd’hui. Une technique que les communistes pratiquent depuis longtemps avec leurs propres alliés politiques, et qui pourrait maintenant être employée contre eux.

Une affaire à suivre.


Christian Romain

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4 commentaires:

BOF ! a dit…

en effet, la technique est rodée. Par exemple, le SICUDEF syndicat du chauffage urbain de la Défense longtemps présidé par Ceccaldi-Raynaud père - aujourd'hui par sa fille -, proposait depuis longtemps, la vice-présidence à un élu communiste alors même que le nombre d'administrateurs UMP était supérieur à ceux de la gauche nanterrienne ! Aujourd'hui, c'est Mr Perreau Bezouille, hier, c'était Mr Laubier - dans les deux cas, le 1er adjoint -.

Anonyme a dit…

Il faut rappeler que les postes sont honorifiques il n'y a pas d'argent à gagner .Soyez un peu plus indulgent

Démocratie nanterrienne a dit…

@ Anonyme

Qui parle d'argent ? L'article ne fait référence qu'à la dimension politique des postes.

Anonyme a dit…

pourquoi pas:)