Voici le texte de l'intervention de Gilles Duflos, prononcée au nom du groupe "Gauche démocrate" lors du conseil municipal exceptionnel du 23 mai dernier.
Monsieur le Maire
Mes Chers Collègues,
Le groupe Gauche Démocrate nouvellement créé votera en faveur de la résolution portant sur le devenir de Nanterre dans l’ouest parisien et la métropole, tant il est vrai que ce devenir a de quoi inquiéter compte tenu des évènements qui ont été rappelés, et qui montrent que l’Etat n’a manifestement pas tenu ses engagements et que l’on assiste aujourd’hui à un retournement de l’Histoire, qui du consensuel est passée à la reprise en main.
Qui pourrait ne pas être d’accord avec les notions de «ville riche de sa mixité sociale», «pluralité de l’habitat», «conservation de la diversité de la population», «mélange de catégories sociales», «grande ville populaire où les mots solidarité et lien social prennent tout leur sens», «démarche participative» ou «amélioration au quotidien de la vie de ses habitants» ?
D’ailleurs, à bien lire ces notions, on sera quoiqu’il arrive étonné que la motion proposée ne soit pas votée à l’unanimité, le cas échéant.
La généralité des notions employées doit à l’évidence s’accompagner d’une réalité, et c’est dans le résultat concret de ce qui interviendra véritablement que sera mesurée la crédibilité de la politique menée.
Vous avez eu raison de dire, Monsieur le Maire, que c’est dans le cadre d’une politique de coopération entre les différents acteurs que la situation peut évoluer favorablement pour Nanterre.
En effet, si l’on ne s’en tient qu’aux rapports de force, on ne peut pas dire que la balance penche du côté de la commune.
Vous avez beaucoup évoqué les débats qui sont déjà intervenus pendant la dernière campagne municipale et depuis, ainsi que la démocratie participative ? Tout cela permettrait semble t-il d’affirmer que les souhaits des habitants de Nanterre ont été respectés, ou au moins entendus.
J’ai entendu pour ma part dire, ici et là, que ce n’était pas forcément vrai et que nombre de propositions émises par les habitants, par exemple pour l’aménagement du Chemin de l’Ile ou du quartier du Parc, avaient été ignorées.
Dans la résolution proposée au vote du Conseil, est évoquée une nouvelle initiative : la création des Ateliers Citoyens de l’Ouest parisien qui concerneraient tout le secteur de La Défense.
C’est bien, parce que cela suppose que rentre dans les faits un vrai partenariat avec les autres communes concernées, que rentre dans les faits une intercommunalité indispensable, tout simplement par ce que l’on est plus fort à plusieurs que tout seul.
Mais seule une vraie démarche participative permettra que l’on en transmette l’expérience aux autres communes.
Qu’il me soit aussi permis d’exprimer, à la lecture du texte de la résolution qui nous est proposée, que je ne suis pas certain à titre personnel que l’on puisse encore parler d’une vraie mixité sociale à Nanterre, qui me semble plutôt composée de quartiers hétérogènes et plutôt étanches les uns par rapport aux autres.
L’exemple des quartiers Parc-Nord et Parc-Sud est particulièrement éloquent à cet égard.
Qu’est-ce qui fait que des classes sociales plus favorisées que d’autres ne font que passer à Nanterre pour se diriger vers Neuilly, Rueil ou Suresnes et y scolariser leurs enfants, alors que les équipes enseignantes de l’enseignement public de Nanterre ne sont pas moins performantes qu’ailleurs, bien au contraire ?
Certes, Nanterre peut être fière d’être une ville de valeurs, une grande ville populaire où les mots solidarité et lien social prennent tout leur sens, encore faudrait-il qu’un juste équilibre soit préservé en lieu et place d’un discours misérabiliste et à sens unique.
C’est la raison pour laquelle j’apprécie à titre personnel la volonté exprimée d’engager une nouvelle dynamique à l’échelle du bassin d’emploi, comme d’une manière générale tout ce qui peut convaincre nos partenaires que Nanterre est capable d’apporter une attention particulière aux plus démunis, tout en étant dotée de capacité d’inventions et d’innovations dans tous les domaines.
Au fond, la véritable identité de Nanterre est probablement là, humanité et dynamisme.
S’agissant du devenir de Nanterre, il ne peut être pensé isolément de l’aménagement de la région Ile-de-France, d’où la nécessité de penser en termes de pôles urbains capables d’organiser la vie sociale et de trouver des réponses aux grands problèmes humains :
- en termes de mobilité et de transport,
- en termes d’habitat et de logement,
- en termes d’activité économique,
- en termes de création d’emplois et de lutte contre le chômage notamment des plus jeunes et des plus âgés des salariés,
- en termes de développement durable dans le cadre de ce qu’on peut appeler une grave crise environnementale.
Il faut donc organiser le territoire francilien en un ensemble cohérent et une solution consisterait à composer une vingtaine d’intercommunalité associant chacune une quinzaine de communes.
C’est la proposition de l’équipe «Lion-Groupe Descartes», c'est-à-dire une des équipes d’architectes chargée d’imaginer l’aménagement du Grand Paris.
C’est dire que non seulement l’intercommunalité est nécessaire, mais qu'elle doit être élargie à des nombreuses communes.
Cela permettrait :
1- de constituer une force de proposition plus efficace ;
2- de s’inscrire dans un rapport de force plus favorable face à Paris, au Conseil général et à
l’Etat ;
3- de mettre un terme au repli municipal frileux, encore appelé « syndrome du petit village
gaulois » ;
4- de repenser l’organisation économique en termes utiles plutôt qu’en concurrence stérile ;
5- d’accélérer les programmations de grands équipements de transports qui sont devenues
aujourd’hui une question de survie.
Alors, en conclusion :
- oui à la concertation,
- oui à l’intercommunalité la plus large possible,
- oui à la coopération.
Attention simplement à l’autosatisfaction qui consiste à penser que le modèle municipal nanterrien est forcément exportable en tant que tel.
Je vous remercie de votre attention.
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Monsieur le Maire
Mes Chers Collègues,
Le groupe Gauche Démocrate nouvellement créé votera en faveur de la résolution portant sur le devenir de Nanterre dans l’ouest parisien et la métropole, tant il est vrai que ce devenir a de quoi inquiéter compte tenu des évènements qui ont été rappelés, et qui montrent que l’Etat n’a manifestement pas tenu ses engagements et que l’on assiste aujourd’hui à un retournement de l’Histoire, qui du consensuel est passée à la reprise en main.
Qui pourrait ne pas être d’accord avec les notions de «ville riche de sa mixité sociale», «pluralité de l’habitat», «conservation de la diversité de la population», «mélange de catégories sociales», «grande ville populaire où les mots solidarité et lien social prennent tout leur sens», «démarche participative» ou «amélioration au quotidien de la vie de ses habitants» ?
D’ailleurs, à bien lire ces notions, on sera quoiqu’il arrive étonné que la motion proposée ne soit pas votée à l’unanimité, le cas échéant.
La généralité des notions employées doit à l’évidence s’accompagner d’une réalité, et c’est dans le résultat concret de ce qui interviendra véritablement que sera mesurée la crédibilité de la politique menée.
Vous avez eu raison de dire, Monsieur le Maire, que c’est dans le cadre d’une politique de coopération entre les différents acteurs que la situation peut évoluer favorablement pour Nanterre.
En effet, si l’on ne s’en tient qu’aux rapports de force, on ne peut pas dire que la balance penche du côté de la commune.
Vous avez beaucoup évoqué les débats qui sont déjà intervenus pendant la dernière campagne municipale et depuis, ainsi que la démocratie participative ? Tout cela permettrait semble t-il d’affirmer que les souhaits des habitants de Nanterre ont été respectés, ou au moins entendus.
J’ai entendu pour ma part dire, ici et là, que ce n’était pas forcément vrai et que nombre de propositions émises par les habitants, par exemple pour l’aménagement du Chemin de l’Ile ou du quartier du Parc, avaient été ignorées.
Dans la résolution proposée au vote du Conseil, est évoquée une nouvelle initiative : la création des Ateliers Citoyens de l’Ouest parisien qui concerneraient tout le secteur de La Défense.
C’est bien, parce que cela suppose que rentre dans les faits un vrai partenariat avec les autres communes concernées, que rentre dans les faits une intercommunalité indispensable, tout simplement par ce que l’on est plus fort à plusieurs que tout seul.
Mais seule une vraie démarche participative permettra que l’on en transmette l’expérience aux autres communes.
Qu’il me soit aussi permis d’exprimer, à la lecture du texte de la résolution qui nous est proposée, que je ne suis pas certain à titre personnel que l’on puisse encore parler d’une vraie mixité sociale à Nanterre, qui me semble plutôt composée de quartiers hétérogènes et plutôt étanches les uns par rapport aux autres.
L’exemple des quartiers Parc-Nord et Parc-Sud est particulièrement éloquent à cet égard.
Qu’est-ce qui fait que des classes sociales plus favorisées que d’autres ne font que passer à Nanterre pour se diriger vers Neuilly, Rueil ou Suresnes et y scolariser leurs enfants, alors que les équipes enseignantes de l’enseignement public de Nanterre ne sont pas moins performantes qu’ailleurs, bien au contraire ?
Certes, Nanterre peut être fière d’être une ville de valeurs, une grande ville populaire où les mots solidarité et lien social prennent tout leur sens, encore faudrait-il qu’un juste équilibre soit préservé en lieu et place d’un discours misérabiliste et à sens unique.
C’est la raison pour laquelle j’apprécie à titre personnel la volonté exprimée d’engager une nouvelle dynamique à l’échelle du bassin d’emploi, comme d’une manière générale tout ce qui peut convaincre nos partenaires que Nanterre est capable d’apporter une attention particulière aux plus démunis, tout en étant dotée de capacité d’inventions et d’innovations dans tous les domaines.
Au fond, la véritable identité de Nanterre est probablement là, humanité et dynamisme.
S’agissant du devenir de Nanterre, il ne peut être pensé isolément de l’aménagement de la région Ile-de-France, d’où la nécessité de penser en termes de pôles urbains capables d’organiser la vie sociale et de trouver des réponses aux grands problèmes humains :
- en termes de mobilité et de transport,
- en termes d’habitat et de logement,
- en termes d’activité économique,
- en termes de création d’emplois et de lutte contre le chômage notamment des plus jeunes et des plus âgés des salariés,
- en termes de développement durable dans le cadre de ce qu’on peut appeler une grave crise environnementale.
Il faut donc organiser le territoire francilien en un ensemble cohérent et une solution consisterait à composer une vingtaine d’intercommunalité associant chacune une quinzaine de communes.
C’est la proposition de l’équipe «Lion-Groupe Descartes», c'est-à-dire une des équipes d’architectes chargée d’imaginer l’aménagement du Grand Paris.
C’est dire que non seulement l’intercommunalité est nécessaire, mais qu'elle doit être élargie à des nombreuses communes.
Cela permettrait :
1- de constituer une force de proposition plus efficace ;
2- de s’inscrire dans un rapport de force plus favorable face à Paris, au Conseil général et à
l’Etat ;
3- de mettre un terme au repli municipal frileux, encore appelé « syndrome du petit village
gaulois » ;
4- de repenser l’organisation économique en termes utiles plutôt qu’en concurrence stérile ;
5- d’accélérer les programmations de grands équipements de transports qui sont devenues
aujourd’hui une question de survie.
Alors, en conclusion :
- oui à la concertation,
- oui à l’intercommunalité la plus large possible,
- oui à la coopération.
Attention simplement à l’autosatisfaction qui consiste à penser que le modèle municipal nanterrien est forcément exportable en tant que tel.
Je vous remercie de votre attention.
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1 commentaire:
Monsieur Duflos, merci à vous de cette intervention nourrie, qui ne s'embarrasse ni d'un langage pédant pseudo-technique pour mieux noyer le poisson, ni d'un misérabilisme pour faire pleurer dans les chaumières et tromper le citoyen comme le fait le maire et certains de son groupe politique.
j'apprécie aussi que votre propos ne se soit pas laissé enfermer dans une soit disant bataille idéologique : les bons (communistes) contre les mauvais ("de droite"). S'il y a des vérités, elles se situent forcément entre les pôles et demandent un effort constant d'amélioration de la connaissance et de courage politique dans les prises de position.
Merci encore.
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